samedi 2 mai 2015

Ses détracteurs l'accusent de menacer l'existence même du Royaume-Uni

Nike tn LONDRES (Reuters) - Ses détracteurs l'accusent de menacer l'existence même du Royaume-Uni, ses partisans lui sont reconnaissants de secouer l'establishment politique britannique: Nicola Sturgeon, la chef de file du Parti nationaliste écossais (SNP) aura en tout cas marqué la campagne des législatives du 7 mai.
Jusqu'alors peu connue hors d'Ecosse, elle a fait irruption au premier plan de la scène politique nationale grâce une performance saluée lors du débat télévisé du 2 avril opposant les dirigeants des principaux partis du pays, au point que certains journaux parlaient le lendemain de "Sturgeonmania".
Cette renommée nationale soudaine a amplifié la montée en puissance spectaculaire du SNP, dont le nombre des adhérents a quadruplé depuis le référendum - pourtant perdu - de septembre dernier sur l'indépendance de l'Ecosse.
Le parti devrait remporter jeudi prochain une grande majorité, sinon la totalité des 59 sièges sur 650 réservés à l'Ecosse à la Chambre des communes, taillant ainsi des croupières au Parti travailliste dans l'un de ses fiefs historiques.
Nicola Sturgeon pourrait donc avoir en main la clé du prochain gouvernement si ni le Labour ni les conservateurs n'ont de majorité à l'issue du scrutin, une hypothèse des plus probables.
La chef de file du SNP explique que son parti a repris le terrain de la gauche abandonné par les travaillistes. Elle promet notamment de mettre fin aux coupes dans les dépenses publiques et de préserver le service public de santé, le NHS. Même si l'indépendance de l'Ecosse reste son objectif à long terme, elle a relégué le sujet au second plan dans l'immédiat, assurant vouloir respecter la volonté de l'ensemble des Britanniques.
Sa stratégie et son succès irritent bon nombre de responsables politiques et de commentateurs, principalement à droite.
Le Daily Mail l'a ainsi présentée comme "la femme la plus dangereuse de Grande-Bretagne" tandis que le Premier ministre sortant, le conservateur David Cameron, estime qu'un accord politique entre le Labour et le SNP serait "une perspective terrifiante".
ALLIÉE INCONTOURNABLE MAIS INDÉSIRABLE POUR MILIBAND
Pourtant, la popularité de Nicola Sturgeon est loin d'être une exclusivité écossaise: selon un sondage publié par le Herald, elle est certes la responsable politique la plus populaire d'Ecosse, mais aussi d'Angleterre et du Pays-de-Galles, chez les hommes comme chez les femmes, avec un solde d'opinions favorables de +33, contre +7 pour David Cameron et -8 pour Ed Miliband, le chef de file travailliste.
Pour Suzanne Moore, éditorialiste du Guardian, quotidien classé à gauche, "Nicola Sturgeon, une femme inconnue de la plupart des Anglais jusqu'au débat des dirigeants, est jugée dangereuse et destructrice parce que, tout simplement, elle semble très compétente".
En fait, l'influence du SNP sur la vie politique nationale au lendemain des élections est difficile à évaluer même si, comme le prédisent les sondages, elle peut décider de la viabilité d'une coalition gouvernementale.
Nicolas Sturgeon a promis de tout faire pour écarter les conservateurs du pouvoir, ce qui ne lui laisse guère d'autre choix que de négocier avec le Labour.
Mais Ed Miliband exclut une coalition avec le SNP, mettant de fait au défi sa rivale de soutenir un gouvernement travailliste minoritaire, sans quoi elle devrait justifier le fait qu'elle permet à David Cameron de rester au 10, Downing Street.
Au cas où Ed Miliband deviendrait Premier ministre, même sans accord de coalition, le poids du SNP influencerait sans doute sa politique et pourrait le pousser à coopérer ponctuellement avec les Tories pour faire adopter certains projets de loi, comme le renouvellement de l'arsenal nucléaire du Royaume-Uni, auquel s'oppose le parti écossais.
Nicola Sturgeon est née à Irvine, dans le sud de l'Ecosse, en 1970, d'un père électricien et d'une mère infirmière dentaire. Diplômée en droit de l'université de Glasgow, elle a été avocate avant d'opter pour une carrière politique.
TN Requin Membre du SNP depuis l'âge de 16 ans, elle a détenu plusieurs portefeuilles au sein du gouvernement écossais depuis 2011, avant de devenir l'an dernier la candidate incontestée à la succession d'Alex Salmond à la tête du SNP après le référendum.
Elle n'est pas elle-même candidate à un siège de député britannique mais cela ne l'empêche pas de lancer un avertissement très direct à la classe dirigeante londonienne en assurant que le scrutin du 7 mai est "l'occasion de donner à Westminster la peur de sa vie".


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire